Lorsque Saint-Nicolas nous rendait visite au petit matin du 6 décembre, nous ne savions plus où donner de la tête tant nos bras étaient chargés de chocolats, de mandarines et… de spéculoos ! Nous les dégustions parcimonieusement mais il faut bien l’avouer, nous n’arrivions jamais au bout de nos trésors ! Ces jolis biscuits aux épices savoureuses étaient alors métamorphosés, comme par magie, en une mousse légère dédiée aux enfants sages… Nous pensions tous que le Grand Saint y était pour quelque chose et personne, aujourd’hui encore, n’oserait remettre cette savoureuse croyance en question.
Magali
À la maison, nous avions deux traditions d’anniversaire et malheur à celui qui tentait d’innover ! Aucun cadeau ne pouvait être acheté (pardon encore pour mes œuvres d’art ratées) mais surtout… aucun gâteau ne pouvait être préparé par une autre cuisnière que Tante Pépette. Mon préféré ? Son Lulu Chocolat ! Il n’a rien de spécial me direz-vous mais si vous fermez les yeux, je vous promets que vous y retrouverez toutes les saveurs de l’enfance, de son insouciance à son impertinence !
Lucie
Pour fêter nos noces de porcelaine, j’avais décidé de surprendre mon mari en l’emmenant, le temps d’un week-end, dans un petit coin d’Alsace qu’on m’avait renseigné. Par une malchance inouïe, notre table gastronomique fut annulée en dernière minute, nous obligeant à improviser. Je ne savais pas encore qu’en entrant dans cette brasserie aux nappes à carreaux rouges et blancs, je goûterais à un dessert extraordinaire: une tarte au sucre et aux poires qui, même si ce soir-là, avait été flambée, est restée, 10 ans plus tard, ma douceur préférée.
Bénédicte
Que nous souffrions d’une migraine, d’une gastro-entérite ou d’un chagrin d’amour, ma mère et sa mère avant elle, nous servaient un bol de riz au lait ! Toutes les femmes de ma famille vous diront qu’un riz au lait et une bonne nuit de sommeil vous remettent de tous vos maux ! Je ne peux pas leur donner complètement tord même si ma génération bouscule probablement un peu les choses, au grand regret de mes enfants qui héritent, eux, d’un grand bol de soupe au cerfeuil ! Charlie
Lors d’un voyage époustouflant dans la région de Saly au Sénégal, Babacar nous invite dans sa famille. Je suis alors surprise et détournée de ma conversation par une odeur de sucre et de soleil dont je n’oublierai jamais la saveur. Bintou, sa femme, s’agite derrière les fourneaux pour nous prépare ses madeleines. Je ne sais pas ce que Marcel Proust a ressenti en mordant dans les siennes mais chez moi, ce fut un moment de grâce extraordinaire. Très gênée de lui demander de me partager sa recette, sa réaction fut aussi moelleuse que ses madeleines. Elle me transmettrait son secret à l’unique condition que je le partage à mon tour !
Marie
Assises dans la cuisine, la mine déconfite, nous scrutions Célestine du coin de l’œil en train de préparer son fondant au chocolat aux allures potagères inquiétantes ! Une courgette finement râpée, une farine boudée, le mystère, c’est certain, était entier ! «Qui ne tente rien n’a rien !» criait-elle en riant. Et elle avait raison, car 35 ans plus tard, son fondant étonnant mais tellement délicieux nous ravit encore les papilles ! Barbara
Si l’envie prend à certains d’apporter un dessert à la maison, ils se confrontent rapidement à l’irrévérence de nos sourires en coin. Pas un anniversaire, pas un Noël, pas un goûter ne peut avoir lieu, ou même s’envisager, sans le roi du délice… le gâteau glacé de Taty ! Il a ce don de nous faire rire, nous consoler, nous unir et de garder, sans jamais faillir, nos secrets les plus inavouables. Est-ce la douceur de notre Taty, du chocolat ou des petits-beurre qu’on aime tant ? Nous n’en savons rien mais une chose est certaine, partager ce gâteau avec les gens qu’on aime nous enchante et nous enchantera encore dans un millier d’années.
Caroline
Yaya, c’est l’amour incarné. Ses cheveux noirs tirés en chignon, son corps tout rond et son accent italien à couper au couteau ont adouci nos étés autant que nos cœurs d’enfants pendant des années. Elle habitait une petite maison sarde perdue au milieu des orangers dont le parfum des fleurs me fait encore frissonner. Sans même débarrasser nos affaires, nous nous ruions à l’intérieur pour nous gaver de son gâteau à l’orange et annoncer, de nos doigts tout collants, le commencement de nos vacances acidulées !
Giulia
Amies depuis la maternelle, Chacha vit aujourd’hui à Montréal mais la distance n’a jamais été un frein à nos appels quotidiens. Passionnée de cuisine et de mode depuis toujours, c’est elle que j’appelle quand il me manque une idée. Elle me sauva la vie un soir en me partageant la recette du siècle: son chaud-froid au chocolat. Une recette, deux desserts. On le déguste froid comme une mousse ou chaud comme un soufflé et depuis ce jour, je laisse à mes invités le bonheur de choisir la version qu’ils préfèrent ! Babette
Supercalifragilisticexpialidocious ! Je me souviens, avec délice, de cette chanson que chantait ma grand-mère dans la cuisine en préparant son cheesecake. Je ne comprenais pas ce qui lui inspirait cet air, car s’il est certain que Miss Poppins parvenait à sortir un magasin Ikéa de son sac, je ne saisissais pas le lien avec son cheesecake. Il m’aura fallu des années pour comprendre que si la croûte était bien préparée à base de beurre et de biscuits, la pâte, elle, était un mélange très naturel de noix, de sirop d’agave et d’huile de coco dont le plaisir était bien moins coupable ! Il existait donc bien sur terre deux personne à avoir plus d’un tour dans leur sac, Marie Poppins… et ma grand-mère! Annette
Ma mère était la cadette d’une fratrie de 6 sœurs. Toutes avaient des personnalités et des talents singuliers. L’une artiste, l’autre chimiste et les voir se réunir et caqueter comme des oies me rendait folle de bonheur. Cachée derrière la porte, je les écoutais mais scrutais surtout le brownie géant au milieu de la table, espérant de tout mon cœur, en voler quelques miettes ! Cette attente m’était tellement insupportable qu’aujourd’hui, j’en fais des parts individuelles pour être certaine que personne ne mangera la mienne ! Tinette